(GAFAM) – Conclusions

Cet article a été initialement publié dans le numéro 97 de la revue à babôrd !

J’ai proposé précédemment dans cette série d’articles une synthèse de ce qui fait la domination des GAFAMs. Nous pouvons maintenant chercher ce qu’il y a de commun à leurs histoires respectives.

L’objectif initial de cette série était de résumer ce qu’on reproche concrètement à chacune de ces compagnies et de mieux comprendre la nature de leurs activités. Cela m’apparaissait nécessaire après avoir constaté que l’on confond parfois la critique des GAFAMs avec une critique des « médias sociaux », sans tenir compte de la diversité des activités de ces géants.

En guise de conclusion, nous chercherons à déterminer si le phénomène des GAFAMs est dû à une particularité du numérique ou bien s’il est l’effet naturel de la mécanique capitaliste.

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S’affranchir de Facebook

Article de Claude Vaillancourt et moi-même, initialement paru dans le numéro 88 de la revue à bâbord !

Facebook a réussi l’exploit de s’imposer comme carrefour de communication indispensable, y compris auprès des groupes qui devraient être ses adversaires naturels. Comment en sommes-nous arrivés là et comment penser un militantisme qui aille au-delà des réseaux sociaux ?

Le livre noir de Facebook a été écrit plusieurs fois. Cette entreprise est l’une des plus puissantes au monde, et son expansion s’est faite sous le mode de la prédation. Elle attire vers elle les revenus de la publicité sans offrir de contenu original, au détriment des autres médias. Avec la complicité implicite de ses usagers, y compris les organisations du mouvement social, elle permet aux publicitaires d’entreprendre des campagnes mieux ciblées que jamais. Elle contribue à la diffusion de mensonges, de théories farfelues et de discours haineux.

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Lobbyisme des géants d’Internet

Cet article est initialement paru dans le dossier Lobbyisme. Le pouvoir obscur du numéro 96 de la revue à bâbord !

Il n'est guère surprenant que les géants d’Internet influencent le monde politique à leur avantage, comme le font toutes les entreprises possédant énormément de capital. Le lobbyisme a joué un rôle essentiel à leur développement, même si on voudrait nous faire croire que c’est la pure « innovation » qui en est la clé.

Le lobbyisme exercé par les géants d’Internet n’est pas très différent, dans ses grandes lignes, des stratégies d’influence politique des compagnies dominantes dans d’autres secteurs économiques : rencontres multiples avec des personnes ayant des charges publiques, financements de candidat·es politiques et de think tanks, campagnes de similitantisme, etc.

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GA(F)AM – La tyrannie de la popularité

Cet article a initialement été publié dans le numéro 94 de la revue à bâbord !

Si on compare les cinq géants technologiques par leur capitalisation boursière, Facebook arrive en dernière position. Difficile de quitter Facebook sans compromettre les liens avec nos proches.

Le site est lancé dans la controverse en 2004 comme outil de réseautage entre étudiantes et étudiants d’Harvard. L’utilisation de photos sans consentement a presque mené son créateur à l’expulsion de l’université. Le site sera par la suite offert à d’autres universités américaines pour être ouvert au public à partir de 2006. Il sera rejoint par un nombre de personnes en croissance régulière pour atteindre aujourd’hui 2,7 milliards d’utilisateur·rices actif·ves mensuellement, soit approximativement un tiers de la population mondiale. C’est le troisième site Web le plus visité et il est utilisé par près de 6 internautes sur 10. Un site aussi populaire est une mine d’or publicitaire que le géant exploite au maximum. Ainsi, près de la totalité de ses revenus de 118 milliards $ US en 2021 proviennent de la publicité ciblée affichée sur ses différentes plateformes (Facebook, Instagram, WhatsApp). À l’instar des autres géants technologiques, Facebook a pratiqué pendant des années l’évitement fiscal à grande échelle.

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Les positions syndicales implicites, un frein au changement ?

Cet article a été initialement publié dans le numéro 91 de la revue à bâbord !

Les différentes visions du syndicalisme ne sont pas suffisamment expliquées et débattues. Elles déterminent pourtant les orientations, les moyens d’action et même le fonctionnement des syndicats.

Les structures démocratiques des organisations syndicales québécoises sont généralement assez semblables. Le rôle et le fonctionnement de ces structures sont cependant interprétés de manière variable selon deux visions qui s’opposent, nommément, une conception verticale centralisatrice et une autre, horizontale et participative. Il faut se demander qui détermine les stratégies et les positions d’un syndicat : une « direction syndicale » élue, ou les membres, à travers les assemblées générales ?

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G(A)FAM – Le géant des des apparences

Cet article est paru initialement dans le no 93 de la revue à babord !

L'expression « GAFAM » désigne les cinq entreprises états-uniennes, toutes du secteur technologique, ayant la plus grande capitalisation boursière. L'entreprise qui domine ce palmarès est Apple.

En début d’année 2022, Apple a battu son propre record de capitalisation boursière, c’est-à-dire la valeur totale de toutes ses actions. Elle a franchi le cap symbolique de 3000 milliards, un sommet depuis la création des places boursières. Elle devance Microsoft, la seule autre entreprise dont la valeur dépasse 2000 milliards. Ces gigantesques montants ont de quoi étourdir tant il est difficile d’en apprécier la démesure. En 2020, la valeur d’Apple était, à elle seule, plus grande que la valeur combinée des quarante entreprises les plus importantes cotées à la bourse de Paris (CAC40). Ces valeurs boursières spectaculaires reflètent la foi des investisseurs en la capacité d’innovation d’Apple.

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GAFA(M) – Adopter, étendre, anéantir

Ce texte est paru dans le numéro 92 de la revue à bâbord !

Le troisième texte de cette série sur les GAFAM porte sur Microsoft, omniprésent dans le monde du travail et dont la stratégie technico-commerciale est féroce.

Microsoft naît en 1975 pour commercialiser un langage de programmation populaire sur les premiers ordinateurs personnels. Ce n’est cependant que quelques années plus tard que l’entreprise prendra véritablement de l’importance en profitant du projet d’IBM, un géant de l’informatique de l’époque, et se lancera dans le marché des ordinateurs personnels avec un nouveau concept. À l’aide d’un coup de pouce des influents parents du futur milliardaire Bill Gates, Microsoft réussira à vendre à IBM une licence permettant d’utiliser le système d’exploitation MS-DOS que Microsoft a acheté à une autre entreprise. Un système d’exploitation étant une composante immatérielle essentielle au fonctionnement d’un ordinateur, Microsoft comprend qu’il peut générer d’importants revenus en se rendant indispensable au fonctionnement de tous les logiciels créés pour les nouveaux ordinateurs personnels d’IBM, et détourne à son avantage la réputation d’IBM bien établie dans le milieu des affaires. Microsoft a la clairvoyance de préférer une entente lui assurant un revenu pour chaque ordinateur vendu avec son système, ce que ses critiques appellent la « taxe Microsoft ».

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(G)AFAM – Ne pas être malveillant?

Article paru dans le numéro 91 de la revue à bâbord !

En 2015, Google devient Alphabet, compagnie mère chapeautant une diversité d’entreprises et de services. Au moment de cette restructuration, le code de conduite de Google est modifié et ne comporte plus la devise « don't be evil », pilier de la culture de l’entreprise depuis 2000.

À l'origine, Google est une entreprise Web proposant un moteur de recherche basé sur un algorithme très performant, développé dans le cadre des études universitaires de ses fondateurs. Son efficacité redoutable pour trouver de l’information sur la toile naissante fait en sorte que Google éclipse rapidement la plupart de ses prédécesseurs. Son succès est tel qu’à partir de 2004, on commence à utiliser le verbe « googueler » pour signifier « faire une recherche sur le Web », et ce, dans plusieurs langues. Ainsi, Google est devenu un passage quasi obligé pour toute recherche d’information en ligne. Encore aujourd’hui, environ 87 % des requêtes d’information effectuées sur la toile utilisent Google.

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G(A)FAM – Amazon ou le capitalisme mégalomane

On critique souvent les GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft–, ces grandes entreprises ayant atteint un haut niveau de fortune et d'influence grâce à Internet. Au-delà de la grande diversité de critiques formulées à leur endroit, quel portrait général peut-on se faire de ces géants du Web ? Premier article d’une série exposant les problèmes que pose chacune de ces grandes entreprises.

Il peut sembler étrange de considérer Amazon comme un géant proprement numérique, au même titre que Microsoft ou Google. En effet, l’entreprise pourrait facilement passer pour une grande entreprise de vente en ligne et de distribution de livres et de biens matériels. Amazon a fait ses débuts, dès 1995, comme l’une des premières boutiques Web spécialisées dans la vente de livres. Son fondateur, Jeff Bezos, n’a pas choisi de vendre des livres par amour de la littérature, mais bien, de son propre aveu, par intérêt pour la croissance de son capital : il estimait que les bouquins étaient ce qui avait le plus de potentiel pour la vente en ligne. Au fil des ans, Amazon en viendra à vendre de tout.

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Sciences engagées

Voici la présentation d'un dossier sur la science que j'ai coordonné avec Élisabeth Doyon pour la revue À bâbord !

Depuis le début de la pandémie et plus qu’en toute autre circonstance auparavant, la science a été mise à l’avant-scène de notre quotidien. Jamais on n’a autant discuté publiquement de recherches scientifiques et de leurs résultats. Or, la rigueur intellectuelle exige un questionnement et un certain recul pour la validation des résultats scientifiques. La recherche en temps réel dont nous sommes les témoins peut paradoxalement créer une certaine confusion chez les non-scientifiques et les remises en question nécessaires à la progression des connaissances peuvent entraîner une perte de confiance envers les institutions et le discours scientifique.

Cette attente de résultats clairs et cohérents de la part de la science ne doit cependant pas occulter le fait que la recherche scientifique peut receler un parti pris politique, et ce, en dépit de son image de neutralité ou d’objectivité. Continuer la lecture de « Sciences engagées »

Sexe, robots et Harmony

Ce texte écrit par Isabelle Bouchard et moi-même a été initialement publié dans le numéro 83 de la revue À bâbord !

La présence de technologies dans l'univers pornographique n'est pas nouvelle. Toutefois, la récente mise en marché de robots sexuels utilisant les avancées récentes en intelligence artificielle invite à l'analyse et à la réflexion.

Harmony est une poupée sexuelle robotisée dotée d'une intelligence artificielle et conçue en Californie. C'est un robot qui est fabriqué pour ne devenir rien de moins qu'une partenaire de substitution, autant sur le plan strictement sexuel que sur le plan relationnel. Ainsi s'ouvre un tout nouveau marché de la relation à long terme, alors même que le couple est dans tous ses états. Ses créateurs misent sur l'idée que d'ici vingt ans, les humains puissent vivre « de réelles histoires d'amour » avec ces machines. Harmony est une poupée destinée avant tout à des partenaires masculins hétérosexuels, mais l'équivalent pour les femmes est disponible depuis peu. Actuellement, ce robot se détaille à près de 15 000 $ US.

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Jeux vidéos engagés

Le temps de l’engagement

Présentation du mini-dossier « Jeux vidéos engagés », dossier initialement publié dans le numéro 67 de la revue À bâbord !

Depuis quelques années, l’univers du jeu vidéo se transforme rapidement. Cette industrie est devenue au moins aussi importante que l'industrie du cinéma. Elle a rapporté aux États-Unis l'an dernier près de 23,5 milliards $US, le titre le plus populaire ayant rapporté à lui seul plus de 2 milliards $US – pratiquement autant que la production hollywoodienne Avatar. Les joueurs changent aussi : ils jouent de plus en plus sur des plateformes mobiles et la part des joueuses dépasserait maintenant de peu celle des joueurs selon des études. Au Canada, où cette industrie est importante, les développeuses de jeux vidéo ne représentent cependant que 16 % des travailleurs de l’industrie.

Le jeu vidéo a fait son entrée dans les musées comme le Museum of Modern Art de New York ou le Centre national d’art et de culture George-Pompidou, à Paris. Le monde universitaire l’étudie sous toutes ses facettes, comme nouveau média interdisciplinaire dans les facultés d’art et de littérature autant que d’informatique, ou encore comme phénomène social en sociologie ou en communications. Une scène active du jeu indépendant s’est aujourd’hui développée et explore les possibilités du jeu avec plus de créativité que l’industrie. Certain·e·s décident d’ailleurs de rendre les jeux qu’ils et elles produisent accessibles et modifiables par tous et toutes, créant ainsi des communautés de joueurs-développeurs. En outre, plusieurs ONG commandent la production de jeux pour sensibiliser le public à des enjeux qui les préoccupent. Des jeux sont ainsi produits pour apprendre, entraîner, sensibiliser ; on conçoit des documentaires interactifs sous forme de jeux.

Comme d’autres nouveaux médias ayant suscité à leurs débuts un certain scepticisme (le cinéma, la bande dessinée), le jeu vidéo est aujourd’hui reconnu comme un moyen d’expression d’idées sociales ou politiques à part entière. Voyons pourquoi.

Articles du mini-dossier

Quelle sécurité ? La criminalisation et l’impact de la violence sociale et étatique sur la liberté d’expression

Compte rendu d'un panel au Forum mondial des médias libres, initialement publié dans le numéro 65 de la revue À bâbord !

Depuis quelques années, le Forum mondial des médias libres (FMML) a lieu en marge du Forum social mondial. Les ateliers et tables rondes portent sur les « médias libres », terme assez large qui regroupe les organisations et personnes qui considèrent qu’il existe un droit fondamental à la communication et qui œuvrent à rendre l’accès à la communication le plus large possible. Les médias libres sont inclusifs, non orientés vers des objectifs économiques et abordent les thèmes mis en avant par les mouvements sociaux, syndicaux, universitaires ou culturels. Pour en savoir plus sur ce mouvement, on peut consulter la Charte mondiale des médias libres, élaborée et adoptée lors des éditions précédentes du FMML.

J’ai assisté au deuxième panel du FMML, intitulé « Quelle sécurité ? La criminalisation et l’impact de la violence sociale et étatique sur la liberté d’expression ». Pour les intéressé·e·s, un enregistrement vidéo de la rencontre est maintenant disponible en ligne.

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Points de vue syndicaux sur l’état de l’école primaire

Entrevue initialement publiée dans le dossier Ouvrir l'école du numéro 76 de la revue À bâbord !

Les enseignantes et les enseignants sont les principaux agents qui mettent en œuvre la mission de l’école primaire. Leurs syndicats ont donc un point de vue privilégié sur les enjeux de l'école primaire. Brigitte Bilodeau et Jacques Tondreau, respectivement vice-présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) et directeur du Service de l'action professionnelle et sociale de la CSQ, ainsi que Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), répondent à nos questions.

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Le marché de la censure

Un article que j'ai écrit en 2005 pour le defunt Bulletin FACIL, que j'éditais à l'époque où j'étais membre du CA de FACIL, pour l'appropriation collective de l'informatique libre.
Censure sur Internet et informatique libre (PDF original)

Le marché de la censure

Plusieurs grandes transnationales de l’industrie informatique participent en Chine, en Tunisie et ailleurs dans le monde au marché grandissant de la mise en place de systèmes de surveillance des utilisateurs d’Internet. Ces corporations collaborent avec les régimes répressifs sans remords apparents quand des internautes sont emprisonnés. Par exemple, Microsoft, qui a récemment collaboré à la censure faite par le gouvernement chinois[1], a annoncé en août 2005 un partenariat avec le Comité d’organisation du Sommet mondial sur la Société de l’information (COSMSI). Le président du COSMSI est Habib Ammar, ancien général Tunisien dénoncé par Reporters sans frontières, l’Organisation mondiale contre la torture, l’Association suisse contre l’impunité et d’autres organismes internationaux de défense des droits de l’homme comme étant le principal responsable de la pratique de la torture en Tunisie dans les années 1980. Ces informations sont peu rassurantes pour l’avenir d’Internet quand on se rappelle que l’objectif du Sommet est de dresser un plan pour la construction de la « société de l’information », entre autres pour la gouvernance d’Internet. D’autres corporations comme Cisco systems, Sun Microsystems et Nortel au Canada ont aussi collaboré activement à la configuration de milliers de routeurs afin qu’ils détectent l’utilisation d’expressions interdites par les régimes pratiquant la censure et afin qu’ils empêchent l’accès à des dizaines de milliers de sites Internet à travers le monde.

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Votre visage, future clé de votre vie privée?

Article initialement publié dans la revue À bâbord !, no 81 et dans Ricochet:

Dans un monde qui carbure à la sécurité, l’urgence de recourir à des moyens efficaces et inviolables pour authentifier les personnes prend l’allure d’une véritable quête. Des nouvelles technologies de reconnaissance des visages sont présentées par leurs promotrices et promoteurs comme des solutions séduisantes, mais elles génèrent aussi des inquiétudes légitimes.

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Endoctrinement technologique à l’école

Article publié dans la publié dans la revue À bâbord !, no 76.

Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) exercent déjà un contrôle sans précédent sur Internet. Afin de fidéliser leur future clientèle, ils utilisent aussi leur influence en matière d’éducation. Le matériel informatique, les logiciels, les services en ligne, les outils pédagogique et leur diffusion, certains programmes scolaires et même des méthodes pédagogiques portent leur marque.

Ces firmes ont mis en place des outils, des programmes de formation, de certification et de perfectionnement destinés exclusivement aux enseignantes et enseignants : « Apple Teacher », « Microsoft Innovation Educator », « Communauté des enseignants Microsoft », « G Suite for Education », « Google Classroom », « Amazon Inspire », « inspirED », « Facebook for Education », etc. De plus, elles dépensent des milliards en lobbying pour influencer l’élaboration des programmes scolaires – le plus souvent sans que leurs propositions aient des effets positifs. Au Québec, on assiste à l’intrusion silencieuse de Google dans les écoles primaires. En effet, on crée des comptes Google à de plus en plus d’élèves du primaire pour qu’elles et ils puissent participer à des activités scolaires utilisant des services Google – services qui n’ont rien de particulièrement innovants ou uniques et qui pourraient être remplacés par des logiciels libres équivalents. En plus de former de futurs utilisateurs et utilisatrices, Google récolte des données d’utilisation portant sur ces enfants. Comment espérer que l’éducation primaire assure le développement de l’esprit critique si elle utilise des technologies marchandes qui ciblent la clientèle des enfants avec la complicité des institutions scolaires ? Notons que l’influence de Silicon Valley sur les systèmes d’éducation ne s’arrête pas aux GAFAM. Plusieurs autres joueurs du monde informatique, de partout et de toute taille, imitent les grands et finissent par convaincre des vertus pédagogiques hypothétiques de leurs produits (ex : les tableaux blancs interactifs).

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À la recherche du téléphone éthique

Article initialement publié dans la revue À bâbord !

Pour les militant·e·s de gauche, choisir un téléphone intelligent peut s’avérer une tâche complexe. Une variété de critères éthiques existe, mais il est difficile, voire impossible, de trouver un appareil pouvant les satisfaire tous. Est-il possible de changer les pratiques des grands fabricants et autres emblèmes de l’ère techno-capitaliste?

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Propriété intellectuelle ? Tromperie intellectuelle !

*Cet article est paru dans le numéro 75 de la revue À Bâbord !

L’expression «propriété intellectuelle» est utilisée de plus en plus fréquemment depuis quelques décennies. Cette désignation terminologique est un dérivé du néolibéralisme, mais le terme est pourtant utilisé sans méfiance dans plusieurs milieux militants. Son usage donne une fausse légitimité au concept de «propriété des idées», concept auquel plusieurs s’opposent notamment lorsqu’il s’agit des brevets sur le vivant.

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Dossier — Bibliothèques: enjeux et mutations

Dossier #bibliothèques : enjeux et mutations dans la revue À bâbord. Coordonné par Anne Klein, Aline Crédeville, Olivier Charbonneau, Lëa Kim Châteauneuf, Sharon Hackett et moi-même.

Sommaire du numéro: https://www.ababord.org/Sommaire-du-no-73

Sommaire du dossier:

  • Quand la bibliothéconomie devient critique / Jean-Michel Lapointe et Michael David Miller
  • Rien n’est permanent, sauf le changement / Lëa-Kim Châteauneuf
  • Des jeux ? Voyons donc ! / Claude Ayerdi-Martin
  • Archives. Des alternatives à l’exclusion officielle / Anne Klein et Anaëlle Winand
  • Le droit de parole / Gaëlle Bergougnoux
  • La petite séduction ou les enjeux en région / Aline Crédeville
  • De l’éclatement au rassemblement / Sharon Hackett
  • Copibec ou la vie sauvage / Olivier Charbonneau
  • On n’a pas tous les livres, mais on n’en a que des bons / Collectif de la bibliothèque DIRA
  • Pour le libre accès aux publications scientifiques / Émilie Tremblay
  • Diversité et inclusion pour transformer les bibliothèques publiques / Marie D. Martel

L’informatique en démocratie directe

Entrevue avec Antoine Beaupré, membre du projet Debian. Propos recueillis par Yannick Delbecque. Entrevue publié dans la revue À bâbord, no 71, pp 24 et 25.

Le congrès annuel des développeur·e·s du système d’exploitation libre DebianDebConf 2017 – a eu lieu en août dernier pour la première fois à Montréal. Antoine Beaupré est Développeur Debian depuis 9 ans et utilisateur depuis 15 ans.

Logo DebConf2017

ÀB ! : Qu’est-ce que le projet Debian ?

Debian est un projet visant à développer un système d’exploitation, comme Windows ou MacOS. Cependant, Debian, c’est aussi un projet social. C’est une organisation d’environ 600 personnes – programmeuses et programmeurs, gestionnaires de systèmes, graphistes, spécialistes des communications, etc. Les participant·e·s au projet proviennent d’un peu partout dans le monde et développent principalement le logiciel Debian. Debian est un système d’exploitation pouvant être installé sur des ordinateurs portables, sur des serveurs et même, depuis peu, sur des téléphones intelligents.

ÀB ! : Qu’est-ce que DebConf ? Quel rôle joue ce congrès dans l’univers Debian ? Quel impact sur Montréal ?

DebConf est un congrès annuel portant sur le projet Debian, destiné aux développeurs Debian et à tous ceux et celles qui sont intéressé·e·s par le projet. DebConf est une forme d’excroissance de Debian, car le congrès est organisé de manière autonome au projet Debian lui-même. Le choix des villes où DebConf se déroulent est fait en respectant un principe d’alternance entre l’est et l’ouest du monde (le prochain congrès aura lieu à Taïwan).
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Propriétarisation de l’alimentation


Texte publié dans le dossier Repenser l’alimentation du numéro 64 de la revue à bâbord.

Le monde de l’alimentation risque-t-il la propriétarisation ? La propriétarisation est le processus qui permet de donner des propriétaires à des idées ou des choses qui devraient être des biens communs pouvant être librement utilisés et partagés. Le réflexe naturel est de considérer les connaissances liées à l’alimentation comme aussi importantes pour notre survie que l’eau et l’air, et donc aussi comme un bien commun.

Les brevets sur le vivant sont un moyen bien connu pour propriétariser certains aliments de base. L’utilisation de brevets dans le domaine alimentaire est cepen­dant plus diversifiée. La cuisine utilisant, pour transformer les aliments, des procédés chimiques et mécaniques brevetables, la moindre amélioration de ces procédés est souvent brevetée pour tenter d’en tirer des profits importants liés à l’exclusivité d’utilisation et à l’usage de menaces légales. Par exemple, le Montréalais Marcellus Gilmore Edson obtint un brevet en 1884 pour son procédé de fabrication du beurre d’arachide, et ce, même si cet aliment était déjà connu chez les Incas et les Aztèques. Cet aliment si courant en Amérique du Nord a depuis été l’objet de plus de 50 000 brevets ! En plus des améliorations mécaniques ou chimiques de la production du beurre d’arachide, on a breveté des « recettes » comme cette variante du traditionnel sandwich beurre d’arachide et confiture qu’ont produite deux Américains en 1999.

L’arsenal légal utilisé pour propriétariser la nourriture n’est pas limité aux brevets. Même si une simple liste d’ingrédients et d’instructions ne peut être l’objet du droit d’auteur, il est quand même possible de l’appliquer à un texte plus complet expliquant une recette ou une photo du plat qui en résulte. On utilise aussi les marques de commerce pour empêcher des concurrents d’utiliser des noms de plats, ou bien le secret industriel pour que certaines recettes restent… secrètes.

La force des mesures légales pouvant être utilisées pour s’approprier différentes facettes de notre alimentation peut être décuplée par l’effet des grands traités commerciaux conçus pour imposer au monde l’intérêt des multinationales, sans réellement tenir compte de leurs effets limitant la diversité alimentaire ou le partage de la culture culinaire. La propriétarisation de l’alimentation se met en place graduellement, à travers les poursuites abusives contre des concurrents potentiels ou de simples internautes désirant partager leurs découvertes gastronomiques.

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L’effet hacker sur la démocratie

par Yannick Delbecque1

Note: Cet article est initialement paru dans la revue Nouveaux Cahiers du socialisme no 17 « Démocratie : entre dérives et recomposition », hiver, 2017, pp. 181–189. Je tiens à remercier le comité d'édition de ce numéro pour leurs nombreux commentaires et nombreuses demandes d'éclaircissements sur la version initiale de cet article, sans lesquels cette version n'aurait jamais vu le jour!

L’arrivée de nouvelles technologies comme l’impression, le télégraphe, la radio ou la télévision a engendré des espoirs de transformations politiques relatives à la diffusion de l’information et à l’élargissement de la participation aux débats publics. L’usage de ces inventions a été l’objet de luttes  : l’État et quelques grandes corporations se sont donné un quasi-monopole sur leur utilisation en mettant en place des réglementations de plus en plus complexes. Si le marché a pu rendre ces nouvelles technologies disponibles à tous et à toutes, les possibilités d’appropriation citoyenne et militante de ces technologies se sont paradoxalement réduites. L’informatisation d’une part grandissante des activités humaines et l’arrivée d’Internet ont créé des espoirs similaires de renouveau démocratique par un accès plus facile à l’information et la multiplication des débats publics, mais également une même volonté de contrôle des États et des intérêts privés.

Quel sera l’impact de l’informatisation sur le processus démocratique  ? Dans le milieu dit hacker, formé par des exploratrices et des explorateurs créatifs des possibilités de l’informatique valorisant le partage du savoir et la libre collaboration, on considère depuis longtemps l’informatisation comme une opportunité de rendre beaucoup plus souples et directs les processus démocratiques actuels, considérés comme désuets et inefficaces. Dans ce texte, nous allons décrire les sources de cette conception hacker de la démocratie et voir dans quelle mesure elle influence les processus démocratiques actuels.

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